Quand l'insconscient de la rédaction du Nouvelliste parle.
Il est très rare de trouver un titre -et a fortiori encore moins un article en créole dans Le Nouvelliste.
Il vous suffira de jeter un coup d'oeil aux derniers numéros du journal consacrés aux élections pour le constater.
Un exemple criant : quand Martelly menace et annonce " depi se moun ki te manke m dega, m pra l ronfle yo ". Le Nouvelliste titre en français : Martelly promet de partir le 7 février et de régler ses comptes avec ses détracteurs .
Et non pas : Martelly : " Depi se moun ki te manke m dega, m pra l ronfle yo ".
Tittre qui journalistiquement parlant aurait été plus correct, parce que mettant en avant le message le plus important de l'article.
A savoir que Martelly après son mandat se préparait à pofiter du carnaval pour insulter tous ceux qui, selon lui, lui aurait manquer d'égards.
Passons sur le côté granguignolesque de cette déclaration, venant d'un homme qui a passé son mandat à insulter les personnes, et en général, le peuple haïtien, allant jusqu'à le traiter de voleur dans un media international.
Revenons au statut du créole et à sa non-utilisation ou comme dans ce cas à son emploi.
Le créole reste - Académie créole ou pas - pour la classe moyenne un patois, "notre vernaculaire" comme ils disent, se croyant encore dans un roman d'Eugène Sue.
Un vernaculaire, seule langue parlée par la majorité de la popualtion qui est considéré comme inférieur, irrespectueux, grossier - voire laid.
Le parler des Kongo, -dans l'acception haïtienne basée sur le racisme des colons et l'ignorance de l'histoire du royaume du Kongo- signifiant sauvage pour les Haïtiens et opposé à la langue française, celle des moun de byen, des moun d'en haut.
Or, il est intéressant que le titre d'un article informant sur la présence d'Aristide au côté de Maryse Narcisse soit rédigé en créole et dans une forme volontairement lapidaire et vulgaire : " Aristide ak Maryse pran la ri".
Imaginons Le Nouvelliste titrant : "Martelly ak Jovenel pran la ri" pour rendre compte d'un déplacement de Martelly accompagnant le candidat de son parti, Jovenel Moïse.
Impossible n'est-ce pas.
Il aurait été jugé dégradant dans le contexte du journal : a) d'écrire en créole, b) d'appeler le candidat Tèt kale par son prénom, c) de dire que les deux ont "pri lari".
C'est donc intentionnellement que Le Nouvelliste a choisi d'utiliser le créole pour titrer un article consacré à la sortie d'Aristide pour soutenir la candidate de son parti à la présidence.
On peut interpréter ce choix à partir d'un séquentiel d'équivalences autour de 3 vocables
A- Lavalas = peuple = créole.
B -Créole = peuple = Lavalas
C- Peuple = Lavalas = créole
En associant créole avec Aristide et la rue, la rédaction envoie volontairement, un message de peur : le peuple a pris la rue.
Mais en même temps l'association : rue, peuple, Aristide, Maryse Narcisse, dévoile le déni d'une réalité factuelle refoulée dans l'insconscient.
A savoir que Lavalas est un parti populaire, le parti de ceux qui parlent le créole, le parti auquel la majorité créolophone s'identifie.
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