Commençons par le début.
Qui a choisi de donner à Jovenel Moïse le surnom de Nèg Bannnan Nan ? La majorité des Haïtiens ignorent sans doute le symbole raciste de la banane. Banane = singes = Noirs = animaux. Mais, ceux qui l'ont affublé de ce surnom ne peuvent pas ignorer cette connotation.
Nèg Bannann Nan est un poulain de ceux qui se sont nommés "Bandi legal", précisément de leur chef Michel Martelly.
Ce Michel Martelly , ex-président, a créé un parti, le PHTK, parti des Haïtiens tèt kale, en français parti des Haïtiens au crâne rasé. Nom qu possède aussi également un sens sexuel ( tèt kale signifiant également pénis).
Mal nommer les choses c'est ajouter aux malheurs du monde, une phrase attribuée à Albert Camus.
Donc, au commencement les choses sont mal nommées.
Malheureusement, Haïti n'a ni les intellectuels, ni les journalistes qui ont la capacité d''entendre et d'analyser cette problématique. Malheureusement, par manque de culture générale, philosophique, politique et économique et bien sûr par addiction à l'idéologie duvaliériste à laquelle adhère la majorité de ceux que les Haïtiens dénomment des marchands de micro. Marchands de micro renvoie à la perception que les animateurs de radio et les journalistes de la presse écrite, seraient des chiens de garde du pouvoir et payés par lui.
Maintenant revenons à la question : pourquoi les élites haïtiennes ont-elles adoubé le Nèg Bannann Nan ?
Quelles ont été les analyses, au vu de la situation économique déplorable de l'Etat haïtien, qui les ont amenés à soutenir la candidature de Nèg Bannnann Nan et de croire que cet amateur pouvait être le président dont Haïti aurait besoin.
Voici un homme qui n'a aucune expérience politique, ni aucun succès dans le domaine des affaires -alors qu'il se présente comme un business man.
Voici un homme qui est inculpé à partir d'un dossier de l'UCREF pour suspicion de blanchiment d'argent. Un homme qui possède 14 comptes en banque une sorte d'OVNI en Haïti.
Voici un homme présenté comme le poulain - l'homme de paille ?- d'une structure politique, le PHTK, qui a eu les honneurs de la presse internationale ( Le Figaro),laquelle a qualifié sa politiquede"tôles rouges". C'est-à-dire de mensonges, de bluff .
Quels étaient les intérêts en jeu pour forcer la population haïtienne à accepter comme chef d'Etat, un homme sans envergure et de plus soupçonné d'appartenir à un réseau de pratiques illicites ?
Martelly, l'homme aux bracelets roses et aux propos orduriers, était celui du couple tout puissant des Clinton. Son poulain n'a pas eu cette chance parce que contrairement aux prévisions, Hillary Clinton n'a pas été nommée à la Maison Blanche.
Nèg Bannann Nan, n 'a pas eu cette opportunité . Au contraire de Martelly, il s'est retrouvé dans l'obligation - même si soutenu par l'OEA/l'UE et le Core Group - de se faire financer par des agents locaux divers et variés.
Nèg Bannann Nan qui n'a aucun programme politique élaboré - la caravane ?-si ce n'est celui que de répondre aux attentes de ses débiteurs - même si aujourd'hui insatisfaits, ceux-ci feignent d'avoir étés trompés sur la marchandise- se retrouve piégé comme une mouche dans une toile d'araignée. Une araignée dont les différentes tentacules ont chacune leurs propres attentes en contradiction parfois avec celles des autres.
Ce qui ne laisse pas de surprendre c'est l'incroyable passivité de la société civile - laissons de côté politiciens et parlementaires-, face aux multiples dérives depuis l'arrivée en 2011 de Martelly et face à l'accession montée de toutes pièces à la tête de l'Etat de Jovenel Moïse, un mythomane incompétent.
Il aura fallu que la population de plus en plus acculée à une vie de misère,i l aura fallu que le rapport de la Cour des Comptes indexe le Nèg Bannann Nan , pour que tout soudain les media chiens de garde du régime Tèt Kale, fassent semblant de découvrir que, tout comme Martelly, Jovenel Moïse est un imposteur placé par la communauté internationale pour garantir le statu quo.
Quant aux élites commerçantes haïtiennes, généralement, elles plébiscitent le candidat susceptible de leur apporter le plus d'avantages. Martelly et Jovenel en promettaient beaucoup. Parce qu'il faut le dire encore, ces élites en règle générale, se soucient fort peu des conditions de vie des Haïtiens, qui restent pour eux soit de la main d'oeuvre bon marché et/ou des consommateurs. Et tant que la diaspora continuent à envoyer de l'argent, la consommation est assurée.
Cependant, après 8 années de vols, de non-investissement, malgré l'exil forcé des jeunes, l'argent de la diaspora, en partie confisquée par les Tèt Kale, ne suffit plus à viabiliser les commerces. Ce qui peut expliquer le retournement actuel de quelqu'un comme Boulos, soutien des Tèt Kale hier et aujourd'hui, devenu quasiment un des porte-parole de l'opposition à leur régime.
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