(...) Le salaud, au sens sartrien du terme, c’est celui qui se croit, qui se prend au sérieux, celui qui oublie sa propre contingence, sa propre responsabilité, sa propre liberté, celui qui est persuadé de son bon droit, de sa bonne foi, et c’est la définition même, pour Sartre, de la mauvaise foi. Le salaud, au fond, c’est celui qui se prend pour Dieu (l’amour en moins), ou qui est persuadé que Dieu (ou l’Histoire, ou la Vérité) est dans son camp et couvre, comme on dit à l’armée, ou autorise, ou justifie, tout ce qu’il se croit tenu d’accomplir. Saloperie des inquisiteurs. Saloperie des croisés. Saloperie du « socialisme scientifique » ou du « Reich de mille ans ». Saloperie, aussi bien, du bon bourgeois tranquille, qui vit la richesse comme son essence et le capitalisme comme un destin. Saloperie de la droite, disait Sartre (« de droite, pour moi, ça veut dire salaud »), ce qui illustre assez bien une certaine saloperie de gauche. Le salaud, c’est celui qui a bonne conscience. C’est « l’ayant-droit », comme dit François George dans ses Deux études sur Sartre, autrement dit celui qui est convaincu de sa propre nécessité, de sa propre légitimité, de sa propre innocence. C’est pourquoi aucun salaud ne se croit tel : tous les salauds sont de mauvaise foi, qui ne cessent de se trouver des justifications ou des excuses. Aussi le contraire du salaud n’est-il pas d’abord le saint, ni le sage, ni le héros, mais l’homme lucide et authentique, comme dirait Sartre, celui qui assume sa propre liberté, sa propre solitude, sa propre gratuité. Le salaud, dit un jour l’auteur de La Nausée, c’est le « gros plein d’être ». Et le contraire de cette saloperie du moi, c’est la conscience, qui est néant, qui est impossible coïncidence de moi à moi, qui est exigence, arrachement, liberté, responsabilité, culpabilité… Mauvaise conscience ? C’est la conscience même, dont la bonne n’est que dénégation.
Qu’est-ce qu’un salaud ? C’est un égoïste qui a bonne conscience, qui est persuadé d’être un type bien, et que le salaud, en conséquence, c’est l’autre. C’est pourquoi il s’autorise le pire, au non du meilleur ou du soi – d’autant plus salaud qu’il se croit justifié à l’être, et pense donc ne l’être pas.
Mieux vaudrait un égoïste lucide et se sachant responsable de ce qu’il est ou fait, qu’un égoïste satisfait de soi et convaincu de son bon droit. En langage sartrien : mieux vaut un égoïste authentique qu’un vrai salaud.
"Mieux vaudrait un égoïste lucide " . Comme Martelly.
Là réside la différence à mes yeux entre JOVENEL et MARTELLY
MARTELLY dit : Marriott Best Western, etc.. voici où est passé l'argent de Petro Caribe et il ajoute qu'il n'y a aucune preuves contre lui.
JOVENEL, lui , ne se contente pas de voler, de tromper, mais en plus il joue au saint. Un escroc qui se prend pour Dieu est un salaud.
" Etre un salaud n’est pas à la portée de n’importe qui. Il y faut beaucoup d’insensibilité à la souffrance d’autrui, beaucoup de haine ou de violence, beaucoup de bonne conscience ou d’inconscience."
Commenter cet article