Un film sur la police de Rio défraye la chronique avant sa sortie en salle
L'enquête policière sur l'origine du piratage et la colère du metteur-en-scène n'ont fait qu'augmenter la curiosité pour ce film qui alimente les conversations dans les cafés de la ville. Le film raconte les activités du Bataillon des Opérations Spéciales de la Police militaire de l'Etat de Rio (BOPE) dont l'emblème est une tête de mort. Des policiers militaires ont essayé d'interdire la sortie du film en alléguant qu'il "attaque la corporation et viole son honneur, sa dignité et même l'intégrité physique des policiers". La demande a été rejetée par la justice. "Troupe d'Elite" a relancé le débat sur les origines de la violence urbaine et sur la légalisation de la drogue.
Le scénario critique non seulement la police gangrenée par la corruption, mais aussi les trafiquants de drogue cruels et sur-armés des favelas, les consommateurs des classes privilégiées hypocrites et les hommes politiques. La semaine dernière, "Troupe d'Elite" qui a été présenté en ouverture au Festival du film de Rio, a enflammé la polémique, perçu comme "choquant" et "fasciste". Les critiques redoutent que le personnage principal, le commandant du Nascimento du BOPE, un tortionnaire, ne soit érigé en héros. L'équipe du film se justifie en disant qu'il présente pour la première fois le point de vue de la police et réfute les dénonciations selon lesquelles le piratage est une "pure affaire de marketing".
"Ce qu'il y a de réellement choquant dans ce film, c'est le comportement du public qui a applaudi chaque torture de trafiquant, chaque mort de bandit" à l'écran, a estimé mercredi Artur Xexeo, l'un des prestigieux commentateurs du quotidien Globo. "Troupe d'Elite dévoile que la classe moyenne appuie des méthodes radicales pour combattre la criminalité. Plutôt que de le critiquer, il vaudrait mieux réfléchir à ce qui nous a transformé en de telles personnes", a-t-il ajouté. Dans les favelas, au contraire le coeur du public bat pour les victimes de violences policières. "Nous, on n'applaudira jamais un policier qui torture un trafiquant. Les policiers corrompus qui les rackettent sont pires qu'eux. Même si on n'aime pas les trafiquants ce sont eux qui nous aident en cas de coup dur", a dit à l'AFP Guaracy da Silva Moço, 32 ans, habitant d'un bidonville proche du centre-ville.
"Ce qui nous a choqué da ns le film, c'est qu'une ONG d'aide aux enfants en difficulté à l'école sert de façade à son responsable pour faire du trafic de drogue", a ajouté Guaracy. Fort de son succès préalable, "Troupe d'Elite" devrait être adapté en feuilleton pour la TV. Le cinéaste Padilha table sur de 7 à 9 millions de spectateurs dans les salles de cinéma et espère un succès international. (afp)
Commenter cet article